dimanche 5 décembre 2010

La sensualité animale et machiste du torero

Dans son blogue The Sartorialist le photographe Scott Schuman capte les élégantes, les dandys et quelques personnages plus originaux dans la rue, pour faire connaître la mode qui se porte, plutôt que celle qu'on essaie de nous imposer. Mais j'ai l'impression qu'étant donné son immense succès, il glisse de plus en plus de rendez-vous arrangés au milieu de ses rencontres "spontanées" dans les beaux quartiers de Milan, Paris, Londres ou New York. Les magazines de mode, ces pollutions de l'honnête frivolité féminine ou masculine, ont recours à ses services -- et l'on sait que tout ce qui passe dans leurs pages est triplement financé: 1) par les lectrices, 2) par la pub générale, 3) par les fringues et les autres produits présentés. [Imaginez une ouvrière sexuelle qui serait rémunérée par son client, par la ville dont elle use le trottoir, et par son mac: c'est ça, l'industrie de la mode!]

Lundi dernier, sous le titre "The Matador, Madrid, Spain" (à matador, de matar tuer, les Espagnols préfèrent torero, c'est plus sport) The Sartorialist [cliquez] a présenté ces beaux mecs, épitomes de la sensualité animale et de la séduction machiste. Scott Schuman ne légende pas ses photos. Dans les commentaires, les lectrices espagnoles du blogue nous informent que le gars de gauche est le torero Sebastían Palomo Danko, fils de torero et accessoirement modèle professionnel. S'il vous fait baver, Messieurs, ne rêvez pas, il est en main d'une descendante de la famille Bourbon qui travaille dans la fripe. Remarquez néanmoins qu'il n'a pas revêtu "l'habit de lumière" si spanisch kitsch pour la photo, mais un assortiment de fringues très mode agrémenté de vintage. Pantalon haut de taille, foulard de soie Hermès et ce splendide zahon de cuir qui protège normalement les jambes des picadors à cheval, ici savamment décoré, qu'on retrouve au Mexique sous le nom de chaparrera, les chaps des cow-boys américains.
Coquille pour arts martiaux.

La corrida, c'est l'occasion pour les étrangers de se sentir supérieurs aux Espagnols, -- remarque un commentateur de Madrid qui hait la corrida -- ils peuvent montrer leur sens moral, leur amour des bêtes. Je partage son avis. Puis ils mangent une saucisse de porc sans se demander dans quelles conditions sont élevés ces animaux... Ce qui me révolte plus que la cruauté envers les taureaux, c'est le danger que l'on fait courir aux toreros, ces jeunes hommes qui ne sont même pas protégés par une coquille rigide dans la partie de leur corps la plus exposée aux cornes, comme on peut le vérifier dans la photo du haut.

Hé les gars! je retiens tout de même ceci de la corrida: lors du premier acte, le torero effectue des passes de capote; cette phase lui permet d’évaluer le comportement du taureau. Et c'est après qu'on pose les banderilles...

André

3 commentaires:

Frank a dit…

Ce serait dommage de salir ce pantalon de cuir avec du sang, et de démolir ces types splendides dans un accident. Stop corrida!

Marco, désespéré, a dit…

Je ne supporte pas la corrida, mais ces hommes sont tellement séduisants. Est-ce l'attirance d'une certaine sensualité du danger? J'aimerais aimer le hockey parce que les adversaires sont à égalité et se tapent dessus pour un rien. Mais les hockeyeurs sont tellement moches, soit dans leur harnachement de sport, soit au civil... Je ne vais pourtant pas tomber amoureux de cette grande machine à fric de Federer, il est tellement tue-l'amour dès qu'il ouvre la bouche. Et niquer ne lui rapporterait pas de contrat de pub...

Damstounet a dit…

Au contraire : rêvons !
C'est pas parce qu'on est disponible pour quelqu'un qu'on ne l'est pas pour d'autres...

Beaucoup pourrait le confirmer... ^^