jeudi 30 décembre 2010

Examens anatomiques des Noirs et des pédés

J'ai enfin vu La Vénus noire, film d'Abdellatif Kechiche (son précédent succès: La Graine et le mulet) qui nous fait entrer dans la peau de Sarrtjie Baartman, une Sud-africaine d'origine hottentote exhibée dans les foires européennes et les parties fines parisiennes au 19ème siècle. Soumise aussi à l'examen de chaque partie de son anatomie -- c'est historique -- par des hommes de science décidés à prouver l'infériorité de la race noire. Le fait est connu, mais de le voir représenté en très longues séquences nous fait prendre conscience des progrès accomplis depuis dans l'acceptation et le respect de la différence.

Considération croissante d'une moitié de la population mondiale envers l'autre -- celle qui porte la génération suivante, la met au monde, la nourrit; respect des nations techniquement développées envers les peuples qui ont suivi un mode de vie différent -- du moins, on leur fout la paix s'ils vivent sur des sols pauvres en ressources... Cette évolution, très récente, n'est de loin pas aboutie. Je me souviens des Africains que le cirque Knie exhibait dans sa ménagerie -- j'avais alors une dizaine d'années -- et, une autre fois, des Lilliputiens originaires de Hongrie qui mesuraient environ 80 cm à l'âge adulte et devaient peser entre dix et quinze kilos.

Quant à la Race d'Ep [terme verlan pour pédéraste popularisé par le livre de Guy Hocquenghem (1979) et le film documentaire de Lionel Soukaz] comment a-t-elle évolué? Les premiers articles et livres que j'ai lus en cachette sur le sujet décrivaient les particularités physiques et mentales de ces êtres déviants dont j'étais: arrière-train plus développé que chez le mâle normal, anus dilaté, thorax peu développé, voix efféminée, attitude maniérée, comportement sexuel satyriasique incitant à la prostitution et à la criminalité. La dépénalisation des relations homosexuelles date de 1942 en Suisse, alors qu'en Allemagne les gars épinglés du triangle rose attendaient la mort dans les camps. La RDA a décriminalisé en 1968, la RFA en 69, la France en 82. L'Association psychiatrique américaine a biffé l'homosexualité de sa liste des maladies mentales en 73, l'OMS en 92... On sait qu'en dehors de l'Occident qui rêve de mariage en blanc, tout ou presque reste à faire, à commencer par l'abolition de la peine de mort.

André

5 commentaires:

Lovedreamer a dit…

La femme dont tu parles au début du texte a vraiment eu un destin monstrueux.

Zak a dit…

A la fin de l'article, je me demandais comme toujours, qu'est-ce qu'on peut faire? Et en lisant les précédents blogs en dessous, je suis tombé sur l'annonce d'Amnesty LGBT dans la marge et j'ai cliqué. Ils proposent d'envoyer des lettres. J'ai choisi le cas d'un Saudi de 27 ans qui est condamné à 500 coups de fouet, 5 ans d'emprisonnement et une amende, pour cause d'homosexualité. J'ai imprimé la lettre deux fois et la posterai demain 1er janvier au roi d'Arabie et au ministre de l'intérieur. Ce n'est pas beaucoup, mais je vais le faire régulièrement. Une bonne année à tous, et une meilleure, je le souhaite sincèrement, à ceux qui souffrent.

LeadPipe a dit…

Au Québec, par négligence, l'homosexualité est encore inscrite comme une maladie mentale au registre de la Régie de l'Assurance-maladie du Québec !
le lien suivant pour plus de détails:
http://www.etremag.com/2010/12/l’homosexualite-est-une-maladie-selon-la-ramq-2364

André, en réponse à LeadPipe, a dit…

Et la Régie promet que le tir sera rectifié après les fêtes. Si elle tarde, il suffit d'imiter les pédés suédois (si je ne me trompe pas) qui, dans la même situation, se faisaient porter malades et ne se rendaient pas au boulot. Le changement a été rapide -- peut-être trop pour certains qui en profitaient. Mais cela les a forcés à sortir du "garde-robe" comme on dit au Québec.
Bonne année LeadPipe!

Kevin a dit…

Kevin en réponse à Zak..
Merci pour votre réaction spontanée, cela me touche beaucoup. Moi-même, membre actif chez Amnesty, je vous encourage de continuer de vous engagé par lettres pour soutenir la cause des homosexuels.
Beaucoup d'homosexuels dans le monde ont été sauvés ou au moins ont eu leur peine 'allégée' par le réseau d'Actions Urgentes' d'Amnesty International. Parlez en autour de vous.